Les principes guidant l’élaboration des actions en développement social

Les membres du Réseau québécois de développement social s’entendent aussi sur le fait que certains principes, découlant naturellement des valeurs énoncées plus haut, guident l’élaboration des actions en développement social.

2.1  En lien avec les personnes :

Les actions de développement social doivent :

  • Viser l’épanouissement des personnes.

La finalité même du développement social est de permettre aux citoyens de se développer pleinement et de pouvoir participer activement à la vie sociale.

  • Viser l’équité et la justice sociale.

Le développement social implique le respect des droits fondamentaux des personnes. En ce sens, les différentes politiques sociales doivent s’inscrire dans une perspective de respect des droits et non dans une perspective caritative ou « assistancielle ».

Ces politiques doivent non seulement protéger les personnes contre les conséquences de la maladie, de la pauvreté, de l’analphabétisme et des diverses formes d’exclusion sociale (handicaps,…), elles doivent aussi chercher à agir sur les causes de ces problèmes. De même, ces politiques, dans une perspective préventive, doivent chercher à assurer à chaque citoyen qu’il sera traité justement et qu’il recevra l’aide appropriée pour se faire une place au sein de la société.

Par ailleurs, toujours dans une perspective de respect des droits des personnes, si les actions de développement social peuvent chercher à venir en aide aux personnes se retrouvant dans des situations difficiles, elles doivent aussi s’assurer de préserver le niveau de vie que les autres citoyens et citoyennes ont atteint par leur travail et leur participation sociale.

  • Miser sur la capacité des personnes d’agir sur les situations qui les concernent et fournir aux individus et aux groupes de citoyens le soutien nécessaire pour qu’ils puissent mener leurs actions.

On doit chercher à favoriser l’exercice de la citoyenneté et la participation sociale, ce qui implique de fournir aux citoyens des lieux pour qu’ils puissent effectivement participer.

2.2  En lien avec les communautés :

Les actions de développement social doivent :

  • Respecter les dynamiques présentes dans les communautés et reconnaître ce qui se fait déjà dans les communautés.

Les actions de développement social doivent pouvoir prendre en compte et s’adapter aux valeurs et aux caractéristiques culturelles des communautés. Elles doivent aussi se situer en réponse à un besoin exprimé par le milieu et considéré comme important par les citoyens et les organisations. Ces actions doivent pouvoir trouver une place dans les communautés et trouver les moyens pour s’arrimer harmonieusement à ce qui se fait déjà. Par ailleurs, les initiatives de développement social doivent aussi chercher à favoriser, sur le terrain, la mise en œuvre d’actions intersectorielles, elles-mêmes susceptibles de générer des solidarités utiles pour les milieux.

  • Soutenir les solidarités locales.

On doit soutenir les organisations issues d’initiatives des citoyens et citoyennes, les organismes communautaires présents dans les communautés, de même que les initiatives visant le développement local sous toutes ses formes. On doit également chercher à ce que les diverses formes de soutien aient un caractère récurrent.

  • Chercher à miser sur les forces présentes dans les milieux pour agir sur les problèmes vécus dans ces milieux.

On doit donc chercher à faire en sorte que les actions devant être menées sur un territoire donné, soient conçues localement avec la participation des citoyens et citoyennes et des organismes présents dans les milieux. Dans la mise en œuvre des actions, on doit s’assurer que les citoyens et citoyennes et les organisations locales puissent disposer d’une certaine forme de contrôle (ou de participation) sur les processus mis en place, ainsi que participer aux mécanismes d’évaluation.

  • Veiller à respecter les équilibres présents dans les milieux, tant aux niveaux économique et démographique qu’au plan environnemental.

On doit s’assurer que les communautés puissent se développer à partir des valeurs partagées par les citoyens et citoyennes. En ce sens, toute volonté de développement doit s’inscrire dans une perspective de développement durable.

2.3   En lien avec le développement économique :

Le développement de la société québécoise repose sur plusieurs dimensions complémentaires et interdépendantes. Le développement social et le développement économique sont deux de ces dimensions importantes, des dimensions dont l’arrimage est fondamental pour le développement harmonieux de notre société. Autant les actions en développement social peuvent générer des retombées intéressantes au plan économique, autant les initiatives de développement économique, si elles prennent en compte les enjeux de développement social, peuvent entraîner des retombées bénéfiques pour la qualité de vie des citoyens et des citoyennes.

Les actions de développement social doivent :

  • Viser à ce que le développement économique prenne en compte les besoins et les droits des personnes.

Le développement du Québec ne saurait se faire par le seul développement économique car un développement économique insensible face à ses impacts sociaux ne fait que générer ou perpétuer diverses formes d’exclusions ou, encore, fragiliser des personnes ou des groupes déjà vulnérables. En ce sens, le développement social implique que les politiques et règlementations afférentes aux droits des travailleurs et travailleuses soient respectées, qu’elles ne génèrent pas de pauvreté et qu’elles favorisent le développement des personnes.

  • Viser à ce que les acteurs du développement économique prennent en compte les impacts de leurs activités sur les travailleurs et travailleuses, sur les personnes et sur les communautés.

On doit donc chercher à développer la «conscience sociale» des entreprises et des entrepreneurs, à promouvoir la notion de responsabilité sociale de l’entreprise (responsabilités à l’égard des travailleurs et travailleuses, de la population, de même qu’à l’égard des milieux de vie, du quartier, et de l’environnement).

  • Viser à ce que les perspectives de développement économique prennent en compte les dimensions culturelles québécoises, de même que les spécificités culturelles des différents milieux.

Dans le contexte actuel de mondialisation, il importe de préserver les éléments culturels qui façonnent l’identité québécoise. Il en est de même pour chacune des régions du Québec.

  • Viser à ce que la société québécoise favorise et soutienne les diverses formes de développement économique.

Cela implique qu’on soutienne adéquatement le développement économique des communautés, de même que les initiatives d’économie sociale qui, généralement, comportent des préoccupations évidentes de développement social.

2.4  En lien avec les politiques nationales :

Une perspective de développement social commande:

  • Que les politiques nationales favorisent l’implication de l’ensemble de la société.

Les politiques nationales doivent faire en sorte que la question du développement social soit portée par l’ensemble de la collectivité québécoise, c’est-à-dire l’ensemble des acteurs et actrices économiques, politiques, sociaux et culturels, qu’ils soient des secteurs privés, publics ou communautaires, et ce, autant aux paliers national et régional qu’au palier local.

  • Que les politiques nationales favorisent la décentralisation, l’harmonisation des politiques avec les besoins des milieux, la synergie entre les paliers d’intervention et qui rendent possible l’intersectorialité.

Les politiques nationales doivent favoriser l’action s’appuyant sur la concertation des acteurs plutôt que sur la mise en place de programmes normés, rigides et prescriptifs s’appliquant à l’ensemble des régions (le «mur à mur»). De plus, les politiques nationales mises en œuvre doivent comporter suffisamment de souplesse pour que, dans les milieux, des arrimages puissent être possibles entre les différents secteurs d’intervention. De même, on doit s’assurer de fournir aux instances régionales et locales les marges de manœuvre nécessaires pour favoriser la mise en œuvre d’actions intersectorielles.

  • Des politiques nationales qui garantissent un filet de protection sociale adéquat et qui favorisent la cohésion sociale.

Si le développement social plaide en faveur de l’implication de tous les acteurs et actrices de la société, il ne saurait souscrire à quelque forme de désengagement de l’État des responsabilités qui sont les siennes. Au contraire, la perspective de développement social suppose que les politiques de l’État québécois doivent jouer adéquatement leurs rôles en matière de régulation de l’économie, de maintien de la cohésion sociale et d’organisation des protections sociales et des services collectifs, dans le respect des droits et des libertés des personnes.