Les élections sont un moment propice pour réfléchir ensemble à notre démocratie. Le système électoral actuel permet de choisir nos représentant.es pour trois niveaux de gouvernement (municipal, provincial et fédéral). Ajoutons un quatrième niveau en tenant compte des MRC (municipalités régionales de comté) qui, pour certaines, élisent un.e préfet.e au suffrage universel. Cependant, les gouvernements ne sont pas les seules organisations qui travaillent activement pour le développement de nos communautés. Les entreprises privées ou d’économie sociale, les institutions publiques (écoles, hôpitaux, etc.), les universités, les fondations, ainsi que les organisations communautaires et sociales y contribuent quotidiennement et possèdent une expertise incontournable. Quelle place les principaux partis envisagent-ils pour le développement social, leurs organisations, ainsi que pour les citoyennes et les citoyens dans notre démocratie?
Le Réseau québécois de développement social (RQDS) est heureux de voir les principaux partis proposer que l’État joue un rôle proactif pour le bien-être et l’inclusion de la population. On sent dans les engagements des différents partis une réelle préoccupation pour les différents groupes qui composent nos communautés (ex. jeunes, aîné.es, familles). On voit en particulier des propositions pour lutter contre l’appauvrissement qui touche toutes les couches de la population, mais plus directement les personnes les plus vulnérables. Les engagements pour le transport collectif, la sécurité alimentaire et l’accessibilité au logement rejoignent également le travail effectué en développement social par les membres du RQDS dans toutes les régions du Québec.
Pour le RQDS, ses membres et ses partenaires, le développement social est l’amélioration des conditions de vie, la réduction des inégalités, l’inclusion sociale et le renforcement des potentiels individuels et collectifs découlant de la participation active et intersectorielle d’acteurs communautaires, municipaux, institutionnels et étatiques ainsi que de l’engagement citoyen. Le bien-être et l’inclusion des citoyennes et des citoyens passent ainsi par leur capacité à influencer le développement de leur milieu pour répondre à leurs besoins et à leurs aspirations. Ceux-ci peuvent varier d’un territoire à l’autre et c’est en donnant la parole aux citoyennes et aux citoyens qu’on peut envisager un meilleur ancrage démocratique.
De plus, des centaines d’organisations sont actives dans nos communautés et possèdent une lecture fine des besoins et des solutions nécessaires. Elles se concertent autour d’enjeux thématiques comme la sécurité alimentaire, la réussite éducative ou la petite enfance. Elles se rencontrent aussi dans des contextes plus larges dans les territoires, comme les concertations régionales en développement social membres du RQDS, pour aborder les besoins et les priorités quant aux enjeux collectifs. Il nous apparaît que le développement de nos milieux ne peut pas passer seulement par les gouvernements pour être démocratique, mais doit mobiliser l’intelligence des citoyens, des citoyennes et des organisations du territoire.
Où se positionnent les partis politiques à ce sujet? Qu’est-ce qu’ils proposent à la population? Quelle est la place de la société civile dans leur vision de la démocratie québécoise? Il nous semble qu’on les entend peu à ce sujet, alors que tous les chefs appellent à des conditions de vie qui favorisent la réalisation du plein potentiel du plus grand nombre. Il y a là une piste à explorer pour contrer l’apathie politique que génère une participation à la vie démocratique par un seul vote aux 4 ans.
Le RQDS et ses partenaires nationaux ont proposé récemment que le gouvernement s’engage avec la société civile dans une grande relance sociale à travers le Québec. Nous pensons que les partis politiques peuvent proposer un projet de société inspirant qui passe par la reconnaissance et le soutien de la participation des citoyennes, des citoyens et des organisations dédiées au développement de leurs communautés, un projet axé sur une plus grande démocratisation du Québec. Nous les invitons à développer et réaliser ce grand projet de façon cohérente, en le coconstruisant avec la société civile. Qu’en pensent les partis politiques?
Le RQDS demande aussi aux partis de s’engager à une reconnaissance forte des démarches intersectorielles régionales de développement social, qui poursuivent leur travail sans financement récurrent de la part du gouvernement depuis l’abolition des Conférences régionales des élus en 2015. Comment les partis actuels ont-ils l’intention de reconnaitre officiellement et soutenir financièrement ces vastes chantiers intersectoriels qui portent l’imposante mission du développement social? À quand l’élaboration d’une politique nationale de développement social?
Les citoyens, les citoyennes et les organisations impliquées dans le développement de leur milieu sont à l’écoute.