L’innovation sociale en contexte d’austérité | Un Colloque du CRISES
Lors de la 83e édition du Congrès de l’ACFAS, le colloque L’innovation sociale en contexte d’austérité organisé par le CRISES a permis de poser un regard structurant sur le modèle québécois en mouvance présentement et sur l’état de la concertation. À titre d’introduction, M. Jean-Luis Klein mentionnait que les défis conséquents au démantèlement de ce modèle s’inscrivent dans l’action et à travers l’émergence de nouveaux modèles, de nouvelles pratiques, de nouvelles participations.
Ce qui a retenu notre attention, c’est la présentation de la recherche Action Innovation de Mme Marie-Joëlle Brassard au sujet de la Loi pour assurer la vitalité et l’occupation des territoires. L’étude met en lumière le fait que sur les 71 engagements mesurables, on retrouve une cinquantaine de décisions et d’orientations du gouvernement actuel qui s’inscrivent en faux (coupures, renversement, initiatives en péril) par rapport aux mesures, programmes et engagements contenus dans la Stratégie.
À cet effet, Mme Brassard identifie plusieurs tensions entre :
- Une approche globale vs sectorielle
- Les expertises professionnelles développées et la reconnaissance des éluEs : une non-reconnaissance des expertises provenant de plusieurs horizons disciplinaires en lien avec le territoire et de chantiers de nature sociale
- Une dynamique de collaboration vs revendication
- L’importance des CRÉ selon la perception des régions et celle des grandes villes: Les CRÉ dans les régions étaient des acteurs régionaux de premier plan, un lieu de débat, tandis que Montréal et Québec ont déjà beaucoup de structures de concertation, donc la CRÉ devenait un lieu parmi tant d’autres.
Un des constats qui ressort de la recherche est que la fermeture des CRÉ a mis de côté les ententes spécifiques au sujet d’enjeux sociaux provenant d’une concertation régionale qui amenait une harmonisation des orientations et des visions de développement.
Mme Brassard mentionne que sans planification stratégique, il y aura une mise en concurrence des instances. Les perspectives de cette gouvernance territoriale reposent sur trois constats : les acteurs légitimés sont les éluEs; la limitation de la participation de certains acteurs selon leur capacité financière et leurs intérêts à mettre en commun des projets territoriaux; et l’utopie d’une concertation «sans conflits».
Autres documents de référence pertinents :
- Entretien avec Juan-Luis Klein, professeur au Département de géographie et Benoît Lévesque professeur émérite au Département de sociologie, UQAM – Les reculs innovants de l’austérité.
- Le récent projet de Politique nationale sur la revitalisation intégrée du RQRI.
- Un mémoire traitant des rapport entre les acteurs ayant des intérêts et logiques de développement hétéroclites à travers leur collaboration négociée renforçant ainsi la vision commune de leur région et leurs territoires, dans le contexte du Plan d’action gouvernemental pour la solidarité et l’inclusion sociale (PAGSIS) (Mémoire Gauthier, L., 2014).